Trekkings au bord du lac à San Carlos de Bariloche

Je poursuis mon exploration de la Patagonie en me dirigeant cette fois vers l’ouest. En début de soirée, je monte à bord d’un bus de la compagnie Don Otto, qui offre un excellent service de transport, grande classe avec sièges couchettes, dîner et petit-dèjeuner inclus. J’ai la chance d’avoir une très bonne place en étage tout à l’avant du bus et je domine ainsi la route. Je m’installe confortablement et sombre peu à peu dans un lourd sommeil. En pleine nuit j’ouvre un oeil et me rend compte que notre véhicule est en train de peiner à très faible allure, sur une route déserte, escarpée et caillouteuse. Cette image précise est l’une des scènes à laquelle je rêvais il y a quelques mois pendant la préparation de mon voyage. La pleine lune veille, je me rendors, sereine. Au petit matin, je sors à nouveau de mes songes et découvre alors le paysage qui s’offre à moi, le soleil s’est levé et alterne avec quelques averses de pluie dessinant un très bel arc-en-ciel qui court d’une montagne à l’autre. Le spectacle est saisissant.

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Après 15h de bus, me voilà enfin rendue dans la charmante ville de San Carlos de Bariloche qui borde le lac Nahuel Huapi d’origine glaciaire et d’une surface de plus de 550km2. Je débarque à l’hostel Penthouse 1004, perché au dixième étage d’un immeuble en extérieur très moche mais surplombant le lac. Toutes les pièces de la résidence, jusqu’à la salle de bain ont vue sur les montagnes. C’est un plaisir dont on ne se lasse pas du matin au soir que d’admirer ce panorama. Et c’est globalement la constatation que l’on se fait chaque jour à Bariloche. Que ce soit dans la ville ou pendant les treks, ce lac a vraiment quelque chose d’enchanteur. Il semblerait que les possibilités de balade soient illimitées.

Dès mon arrivée, je fais la connaissance de mon room mate, Franco, un allemand de 44 ans vrai baroudeur dans l’âme, qui a pris une année sabbatique loin de son métier d’enseignant pour vadrouiller en Amérique du Sud. Nous partons en colectivo (le nom local des bus de ville) pour le Cerro Campanario, à quelques kilomètres de l’agglomération. Nous décidons de faire l’ascension de cette montagne à pied et ce petit exercice nous remet en jambe pour la journée. Une petite heure de grimpette dans la forêt, en pleine nature, avec le chant des oiseaux et nous atteignons déjà le sommet. Notre effort est récompensé par une vue resplendissante, propice à de belles photos.

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Un arrêt à la confiteria et je redescends en téléphérique pour profiter pleinement de ce moment de détente dans les airs. Franco quant à lui m’a devancé et a repris le chemin du retour à pied.

Nouvelle journée, nouveau trek. Accompagnés de 2 nouveaux coéquipiers, Ben le français qui vit à Londres depuis 15ans et Sonia, une turque ultra dynamique qui a toujours le sourire, nous partons pour la journée parcourir le circuito chico. Nous commençons par Puerto Pañuelo d’où partent les bateaux de visites maritimes du lac, puis empruntons un sentier sur la peninsula Llao-llao pour grimper une autre montagne et découvrir un nouveau point d’observation. Un arrêt pic-nic proche de la villa Tacul, un punto panoramico, et plus tard nous reprenons notre marche vers le lago escondido où nous attend un petit ponton idéal pour une sieste au soleil.

Ainsi requinqués, nous continuons le long du lago Moreno, sur une plage vraiment très venteuse, à la recherche du fameux pont qui soit-disant doit nous mener vers notre point de retour. Parlez de ce pont à Ben, persuadé qu’un chemin par la plage nous y conduirait, et il vous racontera toute l’anecdote. Franco s’y trouve même une cabane pour la nuit. Une belle rigolade que de se perdre dans cet endroit.

Finalement nous rebroussons chemin et retrouvons la voie officielle autour de la Bahia Lopez où se trouve un immense hôtel, totalement inoccupé mais pourtant ouvert. Il semble comme hanté et en attendant notre transport, nous imaginons le sort réservé aux touristes qui auraient le malheur de s’aventurer ici.

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En rentrant, nous faisons un petit détour avec Sonya par l’excellente chocolaterie Rapa Nui, afin de déguster un succulent chocolat chaud à la cannelle. Et le jour suivant, je décide de profiter du beau temps et de passer une journée relax entre une promenade dans la ville et une après-midi à la plage.

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Déjà le dernier jour à Bariloche. Il faut marquer le coup, une dernière rando est donc incontournable. Franco fait toujours partie de la troupe et nous sommes rejoints par Bas, venu de Hollande et Nicole, une espagnole déjà aperçue à Puerto Madryn et que j’ai retrouvé par hasard la veille dans le même hostal. Les routes des backpakers se croisent souvent en Amérique du Sud. Nous partons pour le Cerro Catedral; en hiver c’est l’une des plus importantes stations de ski d’Amérique du Sud, si ce n’est la plus grosse. Pour l’heure, point de neige, fort heureusement pour moi, et une température avoisinant même les 25degrés.

Nous empruntons le sentier qui mène vers la petite cascade à travers bois, puis, l’ascension vers le point de vue panoramique. Encore une fois, le paysage est à couper le souffler, le soleil haut dans le ciel tape fort et le vent s’est calmé. Quelle plénitude en haut de ce rocher! Nous restons un instant à lézarder sur notre pierre. Nous prenons alors une vraie bouffée d’oxygène.

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Débordants encore d’énergie, nous entamons cette fois une longue marche vers une nouvelle plage déserte, une place de choix pour un site de camping sauvage. La route est longue. Nous traversons divers paysages: des forêts de bois morts, blanchis, offrant une vue plongeante sur le lac, des clairières, des petits ruisseaux. Le chemin est tantôt fait de cailloux, de sable, de terre. Le sol crisse nous nos talons, je suis attentive à nos différents pas. Le calme règne, chacun perdu dans ses pensées. Le silence nous suffit, nous apprécions le moment tel qu’il est. Le rythme est bien cadencé, nous formons un bataillon bien régulier, déterminé. Et puis enfin la récompense: nous atteignons ce petit coin de paradis. Franco ne résiste pas et plonge dans le lac à 8degrés! J’y trempe à peine les pieds. Nous nous détendons d’une sieste bien méritée sur cette plage en pleine montagne préservée et pour le moins bien originale.

Le trekking: en voilà une révélation et un nouveau loisir que je ramènerai certainement avec moi à la fin de mon périple.

DSC_0507San Carlos de Bariloche aura été un vrai enchantement, l’un des coups de coeur de mon voyage. J’y serais bien restée encore quelques jours. Pour autant un vol m’attend: pour Ushuaia, la ville « del fin del mundo » qui a toujours suscitée tant d’imaginations, de légendes et de curiosités. Il est temps.

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